LA NOUVELLE THEORIE DU TOUT

D’emblée, je casse le morceau de mon biscuit chinois.

Il y a une loi commune universelle à l’origine de toutes les lois de la nature, sous-jacente à tous les corps et à toutes les consciences, quelles que soient leurs dynamiques, extérieures ou intérieures, dans un seul Univers formé par tous les multivers, matériels ou immatériels, réels et virtuels.

Ouche!..C’est le principe de relativité, qui est étendu ici et même absolutisé pour l’ajuster aux exigences du nouveau cosmos qui vient. Mais lui, d’où vient-il ?

À la Renaissance vint Giordano Bruno, ce moine défroqué docteur de l’Église, magicien et trois fois hérétique, né à quelques jets de pierre ponce du Vésuve dont il a la flamme.

Il pige un petit truc: alors qu’Aristote croit prouver la fixité de la Terre, car la pierre qu’il lance du haut d’un arbre tombe verticalement, sans se déplacer durant la chute, et non en biais comme elle le ferait si jamais la Terre bougeait, Bruno pige que lancé du haut d’un mât d’un bateau, l’objet tombe aussi en ligne droite, et cela en dépit du fait que bateau se déplace ! 

Les mouvements physiques sont les mêmes à bord comme sur terre ferme. 

Et on ne peut distinguer sans repère extérieur un mouvement uniforme du repos.

De là, Bruno largue les amarres et conclut avec et par-delà Copernic au mouvement de la Terre, qui comme un vaisseau dans l’espace tourne tranquillement autour du soleil, juste une étoile parmi les myriades du ciel, avec leurs planètes en cortège, leurs habitants en vadrouille, aux corps composés comme toutes choses de la même matière faites d’atomes, qui partagent des âmes de la même nature. Dieu est partout. Et tutti quanti.

l’Inquisition brûle vif l’ancien frère visionnaire et refroidit les scientifiques pour 4 siècles, ramenés officiellement à la seule dimension matérielle jusqu’à nos jours. Galilée sur cette idée renversante de relativité qu’il précise fonde toutefois la mécanique, socle de la science moderne qu’il peut alors inventer. 

Les lois du mouvement mécanique sont les mêmes pour tous les observateurs en translation uniforme comme au repos.

Et Galilée entérine en se retranchant derrière, pour la défense de son corps sinon de son âme, menacée par le cardinal Bellarmin, (celui-là même qui avait expédié celle de Bruno dans un monde meilleur, et qui sera canonisé en 1930 et bombardé docteur l’année suivante, voilà ce qui s’appelle pour l’Église méditer), oui, Galilée entérine en se retranchant derrière, pour la défense aussi de l’autonomie de la science, dont la sphère d’influence fut fixée là, la maxime stylée d’un autre cardinal même pas jésuite : « le saint-Esprit nous dit comment on va au ciel et non comment va le ciel ».

En 1905, Henri Poincaré établit en l’élargissant aux autre lois physiques ce principe de relativité, qui doit donc s’appliquer non seulement aux mouvements mécaniques mais aussi à l’électromagnétisme comme à la gravitation, dont il annonce au passage l’existence d’ondes qu’il appelle « gravifiques », confirmées expérimentalement en 2016.

Einstein sur ce principe de relativité fonde complètement la nouvelle mécanique, qui ouvre le bal de la cosmologie. La théorie de la relativité relie l’espace au temps et la matière à l’énergie, à l’aune de la lumière qui devient le nouvel étalon absolu de mesure, qui tisse l’ensemble auparavant séparé. Il n’y a plus de temps unique absolu physiquement défini dans ce cadre.

Un même événement n’arrive plus simultanément pour des observateurs distanciés, mais n’est perçu que quand la lumière parvient à leurs positions respectives dans l’espace-temps. Plus profondément, tout un chacun est sur sa propre ligne d’univers qui bat son propre tempo, et qui diverge réellement du temps d’autrui en fonction de sa vitesse propre et de la gravitation locale.

Cela n’empêche pas mais au contraire permet, de construire par convention et approximation un « temps universel coordonné » pour notre Terre (calé sur sa rotation et une batterie d’horloges atomiques, distribuant des fuseaux horaires à une majorité de pays adhérants ainsi synchronisés), et un « temps cosmique » pour notre univers, moyennant quelques symétries, ce qui nous permet de reconstituer les 13,8 milliards d’années écoulées depuis la singularité du Big bang. 

La relativité générale permet d’édifier un espace-temps commun, aux proportions de l’univers qui devient un ensemble dynamique en expansion accélérée, animé par les distributions de matière-énergie, mais qui butte sur les singularités des trous noirs comme pour celle du Big bang, où les effets quantiques à cette dimension terriblement petite, prennent le dessus et entrent en contradiction avec la gravitation.

Les efforts pour réconcilier les deux grandes théories physiques du 20e siècle, la gravitation relativiste et la mécanique quantique, régissant le fabuleusement vaste et le vertigineusement subtil, aboutissent à une conséquence inattendue: l’hypothèse du multivers.

Déjà, la relativité générale prévoit 3 types d’évolution pour notre univers en fonction de sa densité de masse critique, et 2 options sur 3 entraînent son expansion infinie, et donc une possibilité de multiples autres « univers » au-delà de la sphère visible du notre d’un rayon de quelques dizaines de milliards d’année-lumière.

Plus radicalement, la théories des cordes comme celle des boucles, quoiqu’encore spéculatives, prévoient toutes deux que dans la singularité d’un trou noir l’univers rebondit, générant un autre univers.

Avec les boucles les lois peuvent légèrement varier selon la magnitude du rebond, offrant prise à une éventuelle sélection naturelle des univers les plus féconds en trous noirs.

La théorie des cordes articulée au modèle de l’inflation cosmique (lui, bien accepté pour rendre compte des spécificités du Big bang) rend même possible un paysage des lois avec des possibilités de variation des paramètres abyssales: 10 puissance 500 univers possibles, aux constantes physiques bariolées.

Une bagatelle.

Cette conséquence logique des multivers découlant des théories physiques reconnues ou prometteuses a un effet « heureux »: elle rend justice de la fabuleuse aubaine du réglage fin des constantes de notre univers, qui semblaient programmées au poil de cul quantique près pour rendre la vie connue possible, sinon une conscience consternée par ce fait: le moindre pet de travers d’un paramètre cosmique envoie tout le décor valdinguer ! 

Coquin de sort.

Un tel privilège semble mal s’accorder avec l’esprit de la relativité, qui abolit les points de référence absolu. Mais en revanche, l’idée de loi pouvant changer un peu beaucoup passionnément remet elle aussi en cause cet esprit. 

Certes, ce dernier permet de rendre compte de la multiplication des objets et des mondes à foison: ainsi nous croyions être au début du 20ème siècle dans une seule galaxie, la Voie Lactée, et on a compris que certains des astres diffus pour les anciens télescopes étaient en fait d’autre galaxies en dehors de la nôtre, au nombre actuel de 2000 milliards, qui s’éloignent de nous a grande vitesse pour celles dont la lumière nous parvient encore; alors pourquoi pas d’autres univers aussi?

Mais ce même esprit de la relativité qui articule ces nouvelles dimensions intersidérales rend néanmoins tous ces phénomènes justiciables des mêmes lois, car il est justement le sens de l’universalisation des rapports constituant le monde, comme l’avait senti Bruno. 

Donc là, dilemme majeur; tension intestine drastique dans l’équilibre entre la multiplication des sphères descriptives et  l’unité prescriptive, que dépasse justement l’extension du principe de relativité de notre préambule. Car même en cas de variation des lois et constantes universelles, il stipule qu’il y a en amont une loi plus profonde et générale qui en rend compte, qui sauvegarde finalement l’esprit universel des lois physiques, et maintient en sourdine l’unité conceptuelle cosmique. 

Une théorie du tout peut alors se construire sur un vide cosmique plus consistant.

Sacrebleu. 

Mais ce n’est pas tout , il y a un autre problème. La physique actuelle est bâtie sur le postulat d’objectivité: elle ne prend en compte que les corps matériels objectivables par des mesures, censément reproductibles quel que soit l’observateur, mais ne touche pas à la conscience, ne prend pas en charge l’esprit, claquemuré dans sa citadelle intérieure. Pour elle c’est juste un biais. 

À éliminer.

Cependant la mécanique quantique a sévèrement fissuré cet édifice dans ses fondations, car elle prévoit des superpositions d’états où le chat dans sa boîte est à la fois vivant et mort tant qu’il n’a pas été observé. Soit. Mais qu’est-ce qu’une « observation » ? est-ce quand l’appareil mesure ou quand on prend conscience du résultat ? Le physicien d’origine hongroise von Neumann montre que mathématiquement la conscience est aussi un candidat possible, quand la plupart des expérimentateurs pensent que c’est seulement l’appareil de mesure qui compte.

Eugène Wigner, un autre physicien hongrois d’origine confronté à ce problème toujours irrésolu de la mesure quantique, a proposé une expérience de pensée qui envisage l’implication de la conscience (qui taraudait peut-être ces deux compères impliqués dans la conception de la première bombe atomique au moment où leur rameau juif hongrois d’origine disparaissait dans le feu d’Auschwitz).

La voici: l’ami imaginaire de Wigner prend une mesure d’un photon polarisé dans une boîte et stocke le résultat, quand lui-même dans un labo plus loin s’assure par une interférence que la mesure de son ami et le photon sont toujours en état superposé, et il le constate en effet, alors que tel ne devrait plus être le cas car la mesure de son ami a bien eu lieu, et ce dernier peut même lui téléphoner pour le lui dire, sans toutefois lui révéler le résultat. On a dès lors deux réalités quantiques authentiquement valides, deux « faits » dûment constatés, mais contradictoires. 

Diantre.

Cette expérience de pensée « de l’ami de Wigner » a été reproduite réellement en laboratoire en 2020, avec des photons intriqués en guise d’observateurs simulant la mesure, et corrobore cette étrange prophétie. 

Diable.

Fin de l’objectivité scientifique?

Caution quantique des « faits alternatifs » de Trump ?

Ne pas confondre relativité élargie et enfumage politicien.

Et que dire de ces expériences, comme celles entre autres de Dean Radin en 2012, publiés dans Physics essays, qui mettent en œuvre l’action de l’esprit qui joue à distance sur la figure d’interférence dans l’expérience quantique à double fente, et ce par pure concentration imaginaire des sujets d’étude, et qui semble fonction de l’aptitude méditative? 

Magie noire ?

Et de ces trop rares expériences qui ont tenté de mesurer le « poids de l’âme », sur quelques décédés d’abord, quelques dizaines de grammes en moins sur la balance au moment de rendre l’âme, ainsi que sur des sujets conscients ayant projeté une part de leur esprit sur une balance de précision, chez Raymond Réant, qui oscillait autour de 125 microgrammes en moyenne, et qui mériteraient une actualisation systématique de leurs résultats intrigants ?

Clopinette ?

Les théologiens qui ont tué la Renaissance, effrayés entre autres devant le système de Copernic avec son bolide terrestre tournant sur lui-même et autour du soleil, qui ruinait toutes les autorités consacrées, s’étaient retranchés derrière l’idée qu’il n’était qu’une hypothèse de calcul commode, sans réalité matérielle.

Étrangement, cela rejoint la position de Bohr,  le « cardinal » de la physique quantique et adversaire du « pape » Einstein sur la question de savoir si Dieu jouait aux dés. La réalité matérielle de l’atome lui semblait inconnue sinon inaccessible, et son interprétation devenue canonique de la mécanique quantique se borne à faire les prédictions probabilistes et calculs exacts, en faisant une croix sur le sens de cette réalité.

Le scepticisme de rigueur est ainsi passé des théologiens au pouvoir aux physiciens au pouvoir.

La conscience ne peut toutefois dorénavant plus être une variable d’ajustement à exclure. De là à ce que l’éthique tape l’incruste dans les labos pendant qu’on y est, y a encore de la marge. Mais après Hiroshima, c’est une nouvelle crise de conscience pour la physique, tout aussi irrésolue.

Et c’est là qu’intervient de nouveau le principe de relativité absolue, qui intègre cette dimension intérieure fondamentale, qui permet l’articulation radicale de la relativité générale et de la mécanique quantique, ainsi que la jonction de la physique et du psychique. La subjectivité peut dès lors être objectivée, et même, la métapsychique ou le paranormal, eux aussi intégrés, dans une psychophysique à développer massivement et internationalement.

Tous ces champs séparés et même hostiles parfois en public, mais incestueux en secret, peuvent dorénavant, en principe, se combiner et progresser ensemble au grand jour.

L’interdiction brutale posée depuis l’Inquisition par l’Église, et intériorisée par la science, du désir de découvrir par soi-même et l’expérience la nature profonde de la réalité, et a fortiori de l’esprit, vole en éclats avec les millions de sujets d’expérience de mort imminente ou de sorties de corps; elle peut être levée avec l’abandon du divorce caduc du temporel et du spirituel. Et pas seulement pour l’exploration de l’espace intersidéral, mais de l’espace métaphysique.

Tous les cieux nous appellent.

C’est parce que tout est relatif qu’un nouvel absolu est possible.

Le principe de relativité absolue ouvre aussi au passage une extension de sa logique des lois physiques aux lois des autres sciences de la nature et sociales, depuis la brèche psychique ouverte. Toutes ces lois peuvent être ramenées dans le giron de la relativité, et à ce titre comme sous cette lumière, développer leur vocation universelle propre, tout comme elles peuvent maintenant, ainsi éclairées, et à l’instar des lois physiques, amorcer leur processus d’unification en une loi universelle commune.

Giordano Bruno n’est pas mort en vain, et son génie de la relativité tous azimuts, qui a nourri son rêve magnifique d’une unité  substantielle des corps, des âmes, et de Dieu, qu’il a honoré par le sacrifice de sa personne sur l’autel de tous les dogmatismes, au nom de sa liberté de conscience, peut se déployer aujourd’hui dans une nouvelle Renaissance, si nous le voulons.

Ainsi soit-il.

Marc

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